“ Faites que nous célébrions celui qui tire son nom
de sa vaillance (andreia) et
qui a été appelé le premier parmi les disciples du Rédempteur, le compagnon de
Pierre, puisqu’il nous adresse l’invitation qu’il a adressée jadis à celui-ci
(Jean ; I,41) : “ Venez, nous avons trouvé le Messie ! ”
(Troparion de la liturgie grecque)
Un jour de profond amour du Christ et de la croix !
Que ce soit aussi le thème de cette journée. Une fois encore avant la fin de
l’année ecclésiastique, nous voulons affirmer notre amour pour la croix du
Seigneur, et embrasser la croix de notre vie que Dieu a placée sur nos épaules.
1. Saint André. — Jour de
mort (d’après le Martyrologe) : 30 novembre (année inconnue). Tombeau :
dans l’église d’Amalfi ; son chef est à Saint-Pierre de Rome. Image :
On le représente avec une croix en X, dite croix de Saint André. Vie :
André, que les Grecs nomment “ le premier appelé ”, frère de l’Apôtre
Pierre, fut, avec Jean, le premier disciple qui suivit le Seigneur. Sa première
rencontre avec Jésus est décrite avec une beauté touchante dans l’Evangile
(Jean, I, 35-42). Il n’appartint sans doute pas au cercle plus intime, comme
Pierre, Jacques et Jean, et les Evangiles ne racontent rien
d’extraordinaire à son sujet (Jean, VI, 8) ; mais la tradition vante son
grand amour de la croix et du Sauveur, et l’Église l’honore particulièrement
tant à la messe (son nom paraît en deux endroits : au canon et au Libera
nos, après le Pater) que dans le bréviaire. Son office est l’un des plus
touchants de la liturgie. Le récit de son martyre (légendaire) est saisissant.
Le juge païen le somme de sacrifier aux idoles. Alors André dit : “ Je
sacrifie tous les jours au Dieu tout-puissant, l’unique et le vrai ; je ne
lui offre pas la chair des taureaux ni le sang des boucs, mais l’Agneau
immaculé, sur l’autel. Ensuite, tout le peuple des fidèles mange sa chair, et
cependant l’Agneau reste intact et vivant. ” Enflammé de colère, Aegeas ordonna
de le jeter en prison. Le peuple l’aurait délivré facilement, mais André calma
lui-même la multitude, en la suppliant de ne pas s’opposer à son martyre alors
qu’il courait au-devant de la couronne tant désirée. Arrivé au lieu du martyre,
André s’écria en apercevant la croix : “ Ô bonne Croix, qui as reçu ta
parure et ta beauté des membres du Christ ! Ô Croix longtemps désirée, fidèlement
aimée, inlassablement recherchée et enfin accordée à l’âme qui te demandait,
enlève-moi du milieu des hommes et mène-moi à mon Maître afin qu’il me reçoive
par toi comme il m’a racheté par toi. ” Il fut alors attaché à la croix.
Pendant deux jours, il y resta suspendu vivant et ne cessa d’annoncer la
doctrine du Christ jusqu’à ce qu’il s’en allât vers celui dont il avait tant
désiré imiter la mort. Pratique : Cette fête d’Apôtre est un jour
d’amour intense du Christ et de la croix. Que saint André, le docteur de
l’Église,. nous obtienne particulièrement la grâce de voir dans les croix que
nous rencontrons le Crucifié lui-même, de le saluer et de l’imiter.
2. La Messe (Mihi autem). — Le
point central est constitué par la vocation définitive de l’Apôtre sur les
bords du lac de Génésareth (Év.). C’est aussi l’action principale de la
fête, comme le montre si bien la Communion : “ Suivez-moi ! ”
Le Seigneur, ainsi, nous invite et nous laissons tout pour le suivre à la
Sainte Table. “ Je vous ferai pêcheurs d’hommes ” ; cette parole du
Maître s’adresse d’abord aux prêtres : ils sont envoyés par Dieu pour
prêcher et rassembler dans le filet de l’Église les “ pisciculi ”, les petits
poissons, ils sont les prédicateurs de la foi. Tel est aussi le contenu de l’Epître,
d’une interprétation un peu difficile : La foi est nécessaire pour tous,
Juifs ou païens ; cependant la foi doit d’abord être annoncée par des
messagers envoyés par Dieu. De ces messagers, saint André est un des plus
importants. Les autres parties de la messe sont empruntées au commun. A l’Introït
et à l’Offertoire, nous louons les Apôtres comme des amis du Christ et
des princes du royaume de Dieu ; au Graduel, nous les louons comme
des princes, fils de l’Église, Reine. — Puissent les laïcs eux aussi recevoir
des lèvres du Maître la parole adressée aux pêcheurs d’hommes, car eux aussi
doivent avoir le zèle des âmes — par l’exemple, la charité, la fidélité au
devoir et aussi par la parole !
3. La Prière des Heures. — Dans
ces chants revient sans cesse la pensée de la croix :
“ Salut, Croix bien-aimée, consacrée par le corps du
Christ, ornée par ses membres comme par des pierres précieuses ! ”
“ Ne permets pas, Seigneur, que moi, ton serviteur, je
sois séparé de toi ; le temps est venu que mon corps soit confié à la
terre et que tu me fasses aller vers toi. ” “ Saint André priait, les yeux
levés au ciel, et criait à haute voix : C’est toi, mon Dieu, que j’ai
vu ; ne souffre pas qu’un juge impie m’enlève de la croix, car j’ai
reconnu la vertu de la sainte Croix. Tu es mon Maître, ô Christ ; je t’ai
aimé, je t’ai reconnu, je t’ai confessé ; écoute-moi encore dans cette
dernière supplication ! ”
Pour la fête de sainte Bibiane (2 décembre), voir p. 83.