“ L’Agneau de Dieu lui apparut, de dessous les pieds
duquel jaillissait une source ”
1. Saint Clément, disciple de
saint Pierre, régna comme pape de 90 à 101 ; saint Paul le mentionne
(Phil., IV, 3) comme son compagnon. Sa lettre aux Corinthiens est une vénérable
relique de ce Père Apostolique. Le bréviaire raconte ceci à son sujet :
Son zèle pour les âmes le fit bannir par l’empereur Trajan en Chersonèse
(presqu’île de Crimée), où il trouva 2000 chrétiens que ce même empereur y
avait exilés. En arrivant parmi eux, saint Clément se mit à les consoler :
“ Tous criaient d’une seule voix : Priez pour nous, saint Clément, afin
que nous soyons dignes des promesses du Christ. Il leur dit : Ce n’est pas
à cause de mes mérites que le Seigneur m’a envoyé à vous pour me faire partager
votre couronne” (5e répons). Comme ils se plaignaient d’être
forcés d’aller chercher de l’eau potable à six milles de distance, il leur
donna ce conseil : “ Prions tous le Seigneur Jésus-Christ d’ouvrir une
source pour ses confesseurs ” (Ant. de Magn. aux 1res vêpres).
“ Pendant que saint Clément priait, l’Agneau de Dieu lui apparut, sous les
pieds duquel coulait une source d’eau vive ” (4e répons).
Ace miracle, “ tous les païens des environs embrassèrent la foi ” (Ant.).
Lorsque Trajan en eut connaissance, il donna l’ordre de jeter Clément à la mer
avec une ancre au cou : “ Quand il commença à se diriger vers la mer, le
peuple s’écria d’une voix forte : Seigneur Jésus-Christ, sauvez-le. Mais
Clément disait en pleurant : Père, recevez mon esprit ” (Ant. de
Ben.). Les chrétiens allèrent sur le rivage prier Dieu de leur rendre le
corps. Alors, la mer s’étant retirée à trois milles, ils trouvèrent le corps du
saint dans un sarcophage de pierre, placé à l’intérieur d’une petite chapelle
de marbre, et à côté de lui l’ancre. “ Vous avez, Seigneur, préparé dans la mer
une demeure à votre martyr Clément, à la manière d’un temple de marbre fabriqué
par la main des anges ” (6e répons). Le corps de ce saint fut
apporté plus tard, sous Nicolas 1er (858-67), à Rome par les deux
apôtres des Slaves, les saints Cyrille et Méthode, et déposé dans l’église qui
lui est dédiée (Saint Clément). Cette église est l’une des plus vénérables de
Rome parce qu’elle montre encore parfaitement l’ancienne ordonnance liturgique
de la primitive Église.
2. La Messe (Dicit Dominus). —
La messe se compose en grande partie de textes du commun (autrement dit de
formules qui ne lui sont pas particulières) et, pour une part moins importante,
de textes propres (Intr. et Ép.). La messe nous montre le pontife, une
image du Pontife divin. A l’Introït, nous entendons le Seigneur conférer
sa mission à notre saint, comme il le fit pour les anciens prophètes. Dieu lui
parle : sa parole, qui est la parole de Dieu, et son sacrifice seront
efficaces. Le psaume que nous chantons est le “ cantique de l’homme juste
” ; ce juste est saint Clément, qui fut fidèle à Dieu et miséricordieux
envers ses semblables. A l’Oraison, nous prions pour obtenir le courage
dont il a fait preuve dans sa passion. L’Epître (la même que celle du 23e
dimanche après la Pentecôte) a été choisie parce que le nom de saint Clément y
figure : “ Son nom est inscrit dans le livre de vie. ” Mais nous pouvons
aussi considérer le passage comme un sermon que le saint nous adresse et y
souligner particulièrement les pensées de la parousie. Dans les chants
intermédiaires, le “ prêtre couronné” se tient devant nous. L’Evangile
et la Communion nous montrent le serviteur vigilant qui a pris
fidèlement soin de sa famille et que le Seigneur a trouvé vigilant (c’est notre
saint Clément ; c’est aussi ce que nous devons être, nous qui sommes
mystiquement unis à lui). Ce passage a d’autant plus de valeur pour nous qu’il
se réfère aux paroles du Christ sur la fin du monde. Il convient très bien pour
les dernières semaines de l’année ecclésiastique. L’office de saint Clément
tout entier est enveloppé de l’atmosphère de la parousie. L’Agneau sous les
pieds duquel jaillit une source est l’image du Saint-Sacrifice de la Messe qui
nous apporte aussi le rafraîchissement, à nous, enfants des hommes, exilés et
assoiffés.
3. Sainte Félicité est la mère
des sept frères (voir 10 juillet) qui furent martyrisés sous ses yeux.