23 AOUT - Vigile de saint Barthélemy, apôtre. Saint Philippe Béniti, confesseur (double).

Nous sommes de la famille de Dieu.
     
Nous avons encore deux fêtes aujourd’hui, une vigile et une fête de saint. La seconde est d’un degré supérieur ; contrairement à ce qui se fait au bréviaire, c’est pourtant la vigile qui l’emporte en préséance à la messe.
     
1. La vigile. — Nous nous préparons à la fête de demain. La messe est celle du commun (Ego autem). Conformément à la pensée de l’Église, étudions de près l’Évangile. Pensée très ancienne, semble-t-il, puisque c’est à l’Évangile que la liturgie emprunte les antiennes des premières Vêpres et de Laudes (premier et troisième nocturne de l’ancienne vigile). Le passage est extrait du Discours après la Cène où le Seigneur manifeste aux siens le plus profond et le plus intime de son Cœur. Nous découvrons quatre pensées bien distinctes dans les lignes qui nous occupent plus spécialement ici : le précepte de l’amour du prochain, l’amitié de Jésus pour nous, une exhortation, et une prière. Cet Évangile est une leçon que nous donne le Sauveur en montrant à la fois comment saint Barthélemy en a lui-même fidèlement suivi tous les points. a) Le grand précepte de la charité — “ ceci est mon commandement ”, proclame-t-il avec insistance — est le premier signe distinctif du disciple du Christ. Grave obligation ; toute la mesure et l’étendue de notre amour du prochain doit être celle de l’amour du Christ pour nous, du Christ qui nous a aimés jusqu’à la mort. “ Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ” ; ces mots ont une résonance plus profonde à la messe ; plus que des mots, ils y deviennent un fait et une réalité, et c’est pourquoi aussi nous devrions être embrasés de charité fraternelle pendant le Saint-Sacrifice. Mais le Seigneur nous rappelle en même temps l’exemple de son Apôtre dont la brûlante charité a été scellée par le martyre ; il est mort pour ses amis ; c’est en faveur du corps entier de l’Église qu’il a souffert, pour vous et pour moi ; par le sacrifice de la messe nous recevons, aujourd’hui et demain, le fruit de son amour, de son amour jusqu’à la mort. b) “ Vous êtes mes amis ! ” Quelle consolante parole ! Le chrétien n’est plus un esclave comme autrefois le juif, mais l’ami du Christ qui nous a tout confié. Nous sommes de la famille, nous sommes des amis du Sauveur. Le Christ entretenait la plus étroite amitié avec ses Apôtres (le Commun des Apôtres est plein de cette pensée). Or, saint Paul nous affirme aussi que nous ne sommes pas “ des étrangers, ni des hôtes de passage, mais des concitoyens des saints et des membres de la famille de Dieu ”, précisément parce que nous sommes “ édifiés sur le fondement des Apôtres ”. Combien notre vie de foi serait plus intime et plus profonde si nous conservions toujours le vif sentiment de cette grande vérité ! c) “ Je vous ai choisis pour que vous portiez du fruit ”. Comprenons donc notre foi qui vient moins des ; hommes que de Dieu. Ayons profondément conscience de notre vocation, et alors, si nous gardons l’humilité, la force et la confiance en l’efficacité de la grâce ne nous feront jamais défaut. Considérons les Apôtres ; ils étaient des ignorants et des faibles, absolument impropres à devenir les fondateurs et les colonnes de l’Église universelle. Le Christ les a appelés, il leur a donné la force d’exécuter leur grande tâche, “ de porter du fruit, et du fruit qui demeure ”. Voilà une pensée qui réconforte ! d) Enfin le Seigneur parle de la prière faite en son nom ; aujourd’hui encore, nous en éprouvons, à la messe, la bienfaisante efficacité.
      
2. Saint Philippe Béniti. — Jour de mort : 23 août 1285. Tombeau : à Todi, en Toscane. Vie : Second fondateur, législateur et propagateur de l’Ordre des Servites, il fut aussi un grand missionnaire. Le bréviaire raconte : “ Il était plein de bonté et de compassion envers les pauvres ; un jour, à Camigliano, bourgade voisine de la ville de Sienne, il donna son propre vêtement à un pauvre lépreux à peu près nu qui fut aussitôt guéri. Le bruit de ce miracle s’étant répandu de tous côtés, plusieurs des cardinaux réunis à Viterbe pour l’élection du successeur de Clément IV songèrent à Philippe dont ils connaissaient, par ailleurs, la prudence toute céleste. A cette nouvelle, le saint, pour se dérober à la lourde charge du souverain Pontificat, se réfugia sur une montagne où il demeura caché jusqu’à l’élection de Grégoire X (1271-1276) ”. Il mourut à Todi, en 1285, dans les bras du Sauveur Crucifié. Près de rendre le dernier soupir, il pria le frère qui l’assistait de lui donner son livre. Son livre, c’était le crucifix sur lequel il avait eu les yeux constamment fixés pendant toute sa vie.
    
PRATIQUE. — L’humilité est la principale vertu que l’Eglise nous propose aujourd’hui en exemple : “ Vous avez voulu nous donner dans le bienheureux Philippe un exemple insigne d’humilité” (Or.). Apprenons, aussi, à connaître le livre où saint Philippe a puisé cette vertu, le crucifix. — La messe (Justus) est du commun. Voir Appendice, p. 793.