14 NOVEMBRE - Saint Josaphat, évêque et martyr (double)

“ Un martyr de l’Unité”
     
1. Saint Josaphat. — A l’époque où plus que jamais l’on travaille et l’on prie pour le retour de l’Église orientale séparée à l’unité, il conviendrait d’honorer davantage le grand champion et patron de la réunion de l’Église grecque à Rome. Saint Josaphat Kuncewicz (né vers l’an 1580) était originaire de Volhynie. Il fut moine de l’Ordre de Saint Basile, puis archimandrite de Vilna, enfin archevêque de Polotsk. En cette qualité, il travailla avec un zèle infatigable à la réunion des Églises. Il fut un grand ami des pauvres, à tel point qu’il mit un jour en gage son omophorion (pallium) archiépiscopal pour secourir une pauvre veuve. Les ennemis de l’union résolurent de le mettre à mort. Lui-même prédit dans un sermon sa mort imminente. Saint Josaphat étant venu, au cours d’un voyage de visite pastorale, à Vitebsk (Pologne), ses ennemis attaquèrent à l’improviste sa demeure et commencèrent à faire un grand massacre parmi les gens de sa suite. Le doux serviteur de Dieu se porta en hâte à leur rencontre et leur dit sur un ton plein de charité : “ Mes enfants, que faites-vous ? Pourquoi massacrez-vous mes serviteurs et mes amis ? Si c’est à moi que vous en avez, me voici ! ” Ils se jetèrent sur lui, le blessèrent et finalement le tuèrent d’un coup d’épée, le 12 novembre 1623. Il avait 43 ans. En 1875, lorsque la Russie supprima le dernier diocèse unit celui de Chelm, ses reliques furent mises en sûreté dans un lieu secret, pour être transférées, au cours de la guerre mondiale (1914-1918), à Vienne, où elles sont honorées aujourd’hui dans l’église des uniates dédiée à Sainte Barbe (on peut voir son corps, couché dans un cercueil de verre, revêtu des ornements épiscopaux et en partie intact.
     
2. La Messe (Gaudeamus). — La messe a des rapports voulus avec les textes de la liturgie grecque. C’est ainsi que l’Introït est emprunté à celle-ci et que les deux lectures sont également utilisées à la messe de rite grec d’un martyr pontife. La messe débute avec solennité : “ Réjouissons-nous tous dans le Seigneur en ce jour de fête que nous célébrons en l’honneur de saint Josaphat, martyr… ” Le leitmotiv de la messe est celui-ci : “ Je suis le Bon Pasteur ; je connais les miens... ” Nous l’entendons répéter trois fois : à l’Oraison, à l’Evangile et à la Communion. La parabole du Bon Pasteur se réalise doublement à la . messe : dans le Christ et en saint Josaphat. Le Christ manifeste dans chaque messe son dévouement de pasteur pour ses brebis ; saint Josaphat est une reproduction et un membre du Christ qui continue sa Passion dans ses martyrs ; la messe célèbre le sacrifice de sa mort. Nous, qui sommes au Saint-Sacrifice mystiquement unis au Christ et aussi à saint Josaphat, nous voulons avoir part à l’amour, à la fidélité et au dévouement des deux Pasteurs. La belle Épître, tout à fait liturgique, tirée de la lettre aux Hébreux produit le plus grand effet. Là le souverain sacerdoce du Christ s’exprime clairement : le Christ, le Grand Prêtre éternel offre son sacrifice sanglant ; ce sacrifice trouve sa continuation à la messe, offerte par le sacerdoce des ministres consacrés de l’Église et par le sacerdoce commun du peuple.
     
3. La Liturgie grecque. — L’ami de la liturgie devrait faire connaissance avec la liturgie grecque, qui nous enveloppe de l’atmosphère persistante de l’enthousiasme des premiers chrétiens et de la profonde piété orientale. Celui qui a l’occasion d’assister à une messe du rite grec catholique fera bien de se préparer à l’office liturgique en se procurant une traduction des rites. Il est même permis à tout catholique de recevoir à cette messe la communion sous les deux espèces. On pénétrera très facilement dans l’architecture de la messe grecque si l’on compare la messe romaine connue avec la messe grecque qu’il s’agit d’apprendre à connaître en relevant les ressemblances et les différences. Si nous partons de la messe romaine connue, nous trouvons dans la messe grecque les deux mêmes parties fondamentales : l’avant-messe et le sacrifice. Dans la première, il y a pareillement un office de prière, qui est plus long que celui du rite romain, et un office de lecture composé de deux lectures, l’Épître et l’Evangile. L’avant-messe est précédée d’une assez longue préparation qui n’existe pas dans la liturgie romaine et qui se nomme la prothèse : le prêtre revêt à l’autel les ornements sacerdotaux en récitant certaines prières et prépare la matière du sacrifice (ce qui se fait en partie à notre offertoire). A remarquer encore que le prêtre découpe, tout en s’accompagnant de prières, les hosties dans un grand pain rond et blanc ; il commence par la portion principale qui est marquée d’un sceau ; puis il sépare une quantité de portions plus petites qui sont alors disposées dans un ordre prévu sur le disque (patène) et dédiées à des saints et à des personnes déterminées. — Dans le sacrifice de rite grec, nous pouvons distinguer, comme dans la messe romaine, trois parties essentielles : une sorte d’offertoire, la consécration (nommée anaphore) et la communion. L’offertoire diffère beaucoup de celui de la messe romaine, puisque la préparation des oblats a eu lieu avant la messe et qu’il n’y a pas de procession d’offrande faite par le peuple. Il consiste en une cérémonie de grand apparat, la grande entrée, accompagnée du chant de l’hymne des anges. Le prêtre va chercher les oblats, le pain et le vin, en procession à la prothèse (table où sont préparés les oblats) et les apporte, en traversant les rangs des fidèles, à l’autel où il arrive par la porte centrale. Pendant cette cérémonie, le chœur et le peuple chantent l’hymne des anges : “ Nous qui, mystiquement, représentons les Chérubins et chantons à la Trinité vivifiante l’hymne trois fois sainte, déposons toute sollicitude mondaine afin de recevoir le Roi de toutes choses, escorté invisiblement des armées angéliques. Alleluia, Alleluia, Alleluia. ” Pendant cette première partie de la messe, on récite aussi le Credo et l’on donne le baiser de paix. La consécration présente aussi une grande ressemblance avec celle de la messe primitive : c’est la grande prière eucharistique avec la consécration, l’anamnèse, l’épiclèse. Puis viennent les commémorai sons qui se partagent chez nous entre les deux Mementos, avant et après la consécration. La troisième partie de la messe, la communion, ne présente pas de différences essentielles avec la nôtre. Si l’on voulait encore noter quelques particularités de la messe grecque, on pourrait citer les trois suivantes : 1° Elle n’a pour ainsi dire pas de textes propres (sauf les lectures qui, d’ailleurs, se font souvent suite) ; 2° Elle présente une plus grande richesse de prières ; 3° Elle suppose une participation du peuple beaucoup plus active, étant donné qu’elle se célèbre en une langue comprise par lui.[1]
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[1] On trouve à la sacristie de l’église Saint Julien le Pauvre, à Paris, au prix de 2 francs, un “ Manuel Pratique pour assister pieusement au Saint Sacrifice de la Messe dans l’église Melkite Catholique de Saint Julien le Pauvre ” par Mgr A. Attié, archimandrite.