8 JANVIER - Troisième jour de l’Octave de l’Épiphanie (semi-d.)

Lumière de lumière, ô Christ, tu es apparu. 

1. Prière des Heures. Au second Nocturne, Saint Augustin parle de l’aveuglement des Juifs. “ L’illumination des Mages nous montre l’aveuglement des Juifs. Les Mages cherchèrent en Judée Celui que les Juifs ne connaissaient pas dans leur propre pays. Les Mages trouvèrent l’Enfant chez les Juifs, mais ceux-ci ne voulurent pas admettre qu’il fût parmi eux. Les Mages, ces étrangers venus de loin, adorèrent l’Enfant Jésus alors qu’il ne pouvait encore parler et ses concitoyens le crucifièrent quand il fut devenu Homme et qu’il fit des miracles. Les Mages adorèrent leur Dieu dans l’Enfant muet, les Juifs ne traitèrent même pas Jésus comme un homme, malgré toutes les merveilles qu’il avait accomplies ; comme si c’était un plus grand miracle de voir briller une nouvelle étoile à sa naissance que de voir le soleil se voiler à sa mort. ” 

Au lever du soleil, l’Église chante : “ Ce sont trois présents que les Mages offrirent au Seigneur, de l’or, de l’encens et de la myrrhe, au Fils de Dieu et au grand Roi, Alleluia. ” Au coucher du soleil, nous chantons : “ Lumière de lumière tu es apparu, les Mages t’apportent des présents, Alleluia, Alleluia, Alleluia. ” 

2. La messe. L’oraison transporte le drame sacré des Rois Mages dans notre vie. Les Mages virent l’étoile, se mirent en route sous sa conduite et arrivèrent au but de leur voyage auprès du divin Enfant. Ces trois actes se rencontrent aussi dans notre vie : l’étoile, le chemin, le but. 

Pour nous aussi s’est levée une étoile, c’est la grâce de la part de Dieu et la foi de notre part. Sans cette étoile, il n’y a pas pour nous de christianisme. Combien nous devons remercier Dieu qui nous a choisis entre mille, comme les Mages, pour nous appeler à la foi. La foi est une grâce de Dieu, nous ne pouvons pas nous la donner, mais nous pouvons la cultiver en nous et l’accroître, nous ne devons pas nous exposer à la perdre. Cette étoile brille devant nos yeux. Qu’elle nous oriente et nous guide ! 

Le second acte est le chemin. C’est notre vie. Les Mages suivirent l’étoile, ils quittèrent leur pays peut-être sous les moqueries de leurs compatriotes, ils voyagèrent à travers les déserts et les solitudes par monts et par vaux. Ils se heurtèrent à des obstacles, particulièrement à Hérode. Le voyage des Mages est un modèle de notre vie chrétienne. Nous devons sortir du pays de notre chair, nous devons être des pèlerins et des étrangers. Le chemin de notre vie est solitaire, le monde prend d’autres voies. Ce n’est pas un chemin de roses c’est un chemin à travers le désert. Et un ennemi nous guette, un Hérode qui veut éteindre l’étoile et nous barrer la route : le démon. 

Où nous mène ce chemin ? Le but est le Christ, non le Christ enfant, mais le Christ glorieux dont la vision nous rendra éternellement heureux, le Christ qui reviendra au moment de la mort. Nous ne devons jamais perdre de vue ce but. La vie chrétienne n’en a pas d’autre que la parousie ; tous les autres buts, si saints soient-ils, nous égarent. L’apostolat même et le soin des âmes ne doivent pas être notre but. Apprenons de la liturgie le désir de ce but de notre vie. Toute l’année est une marche des Mages sous la conduite de l’étoile vers le but suprême, le Christ. 

3. Notre or. Mettons-nous aujourd’hui dans le rôle du premier Roi Mage et réfléchissons à la manière dont nous pourrons présenter au divin Roi nouveau-né notre or. Qu’est-ce qui constitue notre or ? Notre or est tout d’abord notre amour, rouge comme l’or, pur et de bon aloi comme l’or, le grand, le fort amour de Dieu dont le Christ lui-même a dit : tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces et de tout ton esprit ; dont saint Paul dit : qui pourrait nous séparer de la charité du Christ ? Sera-ce la tribulation, l’angoisse, la persécution, la faim, la nudité, le danger ou l’épée ?.. Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus Notre Seigneur. 

Notre or est ensuite notre fidélité, cette fermeté, cette persévérance qui ne se laisse ébranler ni par les coups ni par les souffrances ni par les persécutions, la fidélité jusqu’à la mort. 

Notre or c’est aussi la sincérité et la loyauté de nos sentiments qui seront tels qu’ils se manifesteront. On peut tromper les hommes, on ne trompe pas Dieu. Le monde aime prendre des masques de toutes sortes, mais le chrétien doit se montrer à visage ouvert, être vrai et loyal, il ne doit pas être du clinquant, mais de l’or vrai. 

Il est encore un or que nous pouvons déposer sur l’autel, le plus précieux présent de la terre. La secrète nous l’indique, c’est Jésus-Christ lui-même que nous offrons au Saint-Sacrifice à son Père céleste et qui “par ces dons (symboliques) est offert, sacrifié et mangé ”. Oui, l’Eucharistie est l’or véritable qui ne perd jamais ni son éclat, ni sa valeur. Sommes-nous bien persuadés de la grandeur de la messe ? C’est le grand don royal et c’est par elle que nous sommes “ une race élue, un sacerdoce royal, une tribu sainte ” (1. Pier. II, 9). 

4. Lecture de l’Écriture (Rom. XII, 1-6). — Nous sommes arrivés à la partie morale qui est plus facile à comprendre et plus édifiante pour nous. Le Chapitre XII que nous lisons aujourd’hui est si beau que l’Église y a pris les Épîtres des deux premiers dimanches après l’Épiphanie. “ Je vous en conjure, mes frères, par la miséricorde de Dieu : offrez votre corps comme un sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu. Que ce soit votre culte raisonnable... ” C’est notre or que nous devons justement offrir aujourd’hui. Ensuite saint Paul parle en termes magnifiques de la vie commune des chrétiens. “ Nous sommes tous un corps dans le Christ et nous sommes mutuellement les membres, munis de dons différents... ” Sur ce fondement du corps mystique il établit cette construction : “ Que l’amour soit sans hypocrisie. Soyez des hommes qui haïssent le mal, qui s’attachent au bien, mutuellement adonnés à la charité fraternelle, ; rivalisant de respect réciproque... soyez joyeux dans l’espérance, patients dans les tribulations, persévérants dans la prière. Prenez part aux besoins des saints (des chrétiens), exercez avec zèle l’hospitalité. Bénissez ceux qui vous persécutent, bénissez et ne maudissez pas. Réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent, pleurez avec ceux qui pleurent... S’il est possible et autant qu’il dépend de vous, gardez la paix avec tous les hommes... ne vous laissez pas vaincre par le mal, mais par votre bonté soyez vainqueurs du mal. ” 

5. Les saints du jour. — Le livre d’or de l’Église nous raconte : En Norique (aujourd’hui la Haute et Basse Autriche, la Styrie), saint Séverin. Il a propagé le christianisme parmi ce peuple et mérité le nom d’Apôtre de la Norique. Par la permission divine ses restes arrivèrent à Lucullano, près de Naples, et furent plus tard transférés dans le monastère de Saint-Séverin.