25 AOUT - Saint Louis, roi et confesseur (semi-double).

Faites-vous cohéritiers du Roi des Rois, Jésus-Christ.
     
1. Saint Louis. — Jour de mort : 25 aout 1270, à Tunis. Tombeau : à Paris, dans l’église Saint-Denis ; on vénère sa tête à la Sainte Chapelle. Vie : Louis IX, roi de France de 1226 à 1270, est une physionomie de saint des plus séduisantes. Époux affectueux et père de onze enfants, il fut en même temps un rigoureux ascète. Énergique et vigilant dans l’administration de son royaume, il ne négligeait en rien ses exercices de piété et recevait fréquemment les sacrements ; intrépide au combat et soucieux de son prestige dans les grandes circonstances, il s’épuisait secrètement en jeûnes et en mortifications. La stricte justice, la parfaite loyauté et l’amour absolu de la paix inspirèrent sa politique, toujours exempte néanmoins de faiblesse, et dont plusieurs siècles devaient confirmer le succès. Les ordres religieux et les monastères trouvèrent en lui un puissant ami, et les églises un généreux bienfaiteur. “ Après vingt ans de règne, dit le bréviaire, au cours d’une grave maladie, il fit vœu d’entreprendre une Croisade en Terre Sainte. Sa santé à peine rétablie, il reçut l’étendard des mains de l’évêque de Paris, franchit la mer à la tête d’une grande armée (1248), et mit d’abord en déroute les Sarrasins. Mais, beaucoup de ses soldats étant morts de la peste, il fut ensuite vaincu et fait prisonnier. Au prix d’une forte rançon, l’ennemi lui rendit la liberté ainsi qu’à son armée ”. Louis IX mourut de la peste pendant une seconde croisade, en prononçant ces paroles : “ J’entrerai dans votre maison, j’adorerai dans votre saint temple, et je glorifierai votre nom ” (Ps. V).
     
2. Le commun des Rois. — La liturgie, très parcimonieuse de titres et de dignités, ne mentionne dans la nomenclature des saints que les titres qui indiquent une participation au ministère du Christ ou qui Impliquent une consécration spéciale. Tel le titre d’Évêque et de Pape ; tel également et pour les mêmes raisons celui de Roi. Le Roi participe à l’autorité de Dieu et du Christ, c’est pourquoi l’Église l’honore et a pour lui une prière spéciale. Lui obéir n’est pas seulement obéir à un homme. mais à Dieu. L’Église se plait à reconnaître que le roi saint Louis, parmi les soucis du gouvernement, n’a pas oublié “ l’unique nécessaire ”, qu’il est resté fidèle à la loi de Dieu au milieu des “ délices du monde ” (Secr.). Sa mort a été une “ translatio ”, un passage de la royauté terrestre à la gloire du royaume céleste. Puissions-nous donc, comme nous le demandons à Dieu, devenir tous “ cohéritiers du Roi des rois, Jésus-Christ ” (Oraison). Quoique, par ses parties chantées, la messe de ce jour appartienne au Commun des Confesseurs, ses deux lectures propres lui donnent un caractère si particulier que, volontiers, nous l’appellerions “ Messe du Commun des Rois ”. Dans son sens littéral, l’Épître s’applique au patriarche Joseph qui “ sortit ” de prison, et à qui Dieu remit le “ sceptre du royaume ”. Souvenons-nous ici de Louis IX captif chez les Sarrasins. — C’est par allusion à la dignité royale de notre saint qu’on a choisi comme Évangile, aujourd’hui, la Parabole des mines : “ Un homme de haute naissance s’en alla dans un pays lointain pour se faire investir de la royauté... ” Pour bien comprendre ces paroles, rappelons-nous la situation politique des contemporains du Sauveur. En ce temps de la domination romaine, quiconque aspirait au trône dans une Province juive devait se rendre “ dans un pays lointain ” — Rome — “ pour se faire investir de la royauté, et revenir ensuite ”. Il arriva donc que les concitoyens du prince envoyèrent une ambassade derrière lui pour dire : “ Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous ”. Le prétendant ayant réussi dans sa démarche, on comprend, étant donné les mœurs orientales, ce que fut sa vengeance, — Telles sont les circonstances matérielles de la Parabole des mines. Quelle en est maintenant l’interprétation liturgique ? L’homme qui “ s’en va dans un lointain pays recevoir la couronne royale” représente le Christ qui, depuis l’Ascension, “ siège à la droite du Père ” ; il “ reviendra” au dernier jour. A nous, ses serviteurs, il confie l’administration de ses biens, grâces, talents, dont, plus tard, nous aurons à lui rendre compte. — La Parabole désigne trois catégories de chrétiens : les uns profitent éminemment de la grâce. Saint Louis fut de ce nombre ; il reçut “ le gouvernement de dix villes ” ; aussi sa récompense est-elle grande dans les cieux ; aujourd’hui, jour de sa fête, nous y participons à la messe. Les autres en profitent bien. Nous sommes, ou, du moins, nous voulons être de ceux-là. Les derniers, enfin — entendons cet avertissement — ce sont ceux qui ne coopèrent pas à la grâce, les mauvais chrétiens. — La nécessité pour le salut de coopérer à la grâce, telle est donc la grande leçon de cette parabole. Etre chrétien, ce n’est pas seulement aller à la messe et fréquenter les sacrements, c’est vivre véritablement selon Dieu. La sainte communion reçue ce matin est une “ mine ” que le Seigneur nous a confiée ; à nous maintenant de la faire fructifier par notre travail, toute la journée. Demain, à la messe, le Maître reviendra ; à l’offertoire, nous lui rendrons compte de notre gestion.
     
3. Martyrologe. — “ A Rome, saint Genès, martyr. Né dans le paganisme et comédien de profession, un jour qu’il jouait sur le théâtre les mystères du Christ en présence de Dioclétien, touché soudain d’une inspiration divine, il se convertit et reçut le baptême. Par ordre de l’empereur, il fut aussitôt § cruellement frappé de coups de bâton et étendu sur le chevalet ; lentement, avec des pointes de fer, on lui arracha les chairs et on brûla ses plaies avec des torches. Cependant, toujours ferme, il s’écriait : Il n’y a qu’un seul roi, Jésus-Christ ; et quand il me faudrait souffrir mille morts, vous ne m’ôterez jamais sa louange des lèvres, ni son amour du cœur. Ayant eu enfin la tête tranchée, il obtint la palme du martyre ”.